Le monde des idées
LE MONDE DES IDÉES
I. souvenir
Quand je pense à mon enfance,
Je ne vois pas ce que les autres pensent.
J’aurais aimé y trouver des plaines de joie,
Mais je n’y trouve qu’un garçon gêné
Qui fait quelques mouvements crispés.
Je n’étais pas faible;
Il y avait une force dans mon silence.
J’étais tout simplement un
Arbre qui avait grandi et trop vite et trop lentement.
Je restais perdu sur une plage noire,
Occupé à chercher des coquillages;
Quand j’ai vu mon bateau partir sans moi.
Toujours en avance et en retard;
Voilà comment décrire mon enfance
II. sommets
Mes chères idées infinies!
J’ai essayé de me construire une cabane
Au sommet de vos montagnes.
Pardonnez-moi,
Car je faisais de mon mieux;
Et sur la Terre ma maison
M’avait appris à la répugner.
Je n’aurais jamais dû
M’avancer dans vos hauteurs,
Mais je le referais
Pour la gloire de la hauteur
Prenant avec moi
Tous mes rêves dans mon sac.
Oui… je me perdrais plus haut,
Et glisserait encore plus bas dans ta boue.
Pour m’envoler tel un oiseau dans la nuit
Et m’approprier toute la gloire au paradis!
III. le fond du gouffre
Ô discussions profondes,
Mon fidèle compagnon;
Les grandes questions sont devenues mon animal domestique;
Je coule dans les eaux de ton mystère.
Et j’espère y trouver quelque chose, mais il fait noir.
Lorsque je sors de tes abysses,
Je retrouve le désir d’amour :
Celui que personne n’a pu satisfaire.
Mon sac de rêves était trop lourd
Et je suis tanné de le porter tout seul.
Ô mon vieux compagnon,
On dirait encore que je suis en retard.
IV. dégourdir
Le pouvoir des idées!
Ô grande créature hideuse.
J’espérais que tu puisses te métamorphoser,
Non rester solide et inflexible :
J’aurais cru que tu aurais appris à danser!
Dommage, tu restes assise
Tu as peur de changer
Reste donc assise et ravale ta salive
Tu es trop congestionnée pour danser!
V. terreur
J’ai peur,
Lors de mes nuits blanches,
De n’avoir rien de spécial,
D’être moyen, ni bon ni mauvais,
Quelqu’un que personne n’adore ou n’haïsse.
J’ai peur,
Ça me garde éveillé.
J’ai les yeux ouverts
Vers le choix entre parler et fermer les yeux,
Entre le ridicule
Et mentir comme les autres.
Car je suis un enfant comme tout le monde;
Qui veux grandir et être différent,
Qui veux se chercher jusqu’à se perdre.
Moi aussi j’ai eu envie de pleurer.
Mais c’est peut-être que ma différence
Est malgré d’être comme tout le monde,
De me montrer
Sans fautes ni excuses,
Avec la tête haute,
Car je n’ai plus peur
Et j’ai appris à danser!